Pièce pour neuf danseuses.

Écriture et conception : Nina Gabillet et Stéphane Vincent

Chorégraphie : Stéphane Vincent

Costumes : Sylvie Guzeldère

Musique originale : Jonathan Inizan

Création lumières : Florain Macé

« Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s’y arrêta quelque temps, songeant à la défense que son Mari lui avait faite, et considérant qu’il pourrait lui arriver malheur d’avoir été désobéissante ; mais la tentation était si forte qu’elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef, et ouvrit en tremblant la porte du cabinet. »

Charles Perrault, La Barbe Bleue, 1697.

La NR
La NR

La Barbe Bleue de Charles Perrault a donné lieu depuis sa parution en 1697 à une multitude d’interprétations – histoire d’un couple, histoire d’une transgression, d’une infidélité, d’un homme jaloux, histoire de meurtres, d’amour, de mensonges, d’exploration sexuelle, histoire du secret masculin mis à nu, d’une curiosité punie, histoire d’un prédateur et de sa victime, des conséquences de l’ordre enfreint… que faire ainsi de ce texte ?

Car cette création chorégraphique provient d’abord du pari de décrypter et d’interpréter un texte littéraire, dans le but de l’adapter, de le traduire en langage chorégraphique, en un mot, de le faire danser. Dès lors, et afin de faire danser, notre premier parti pris était de ne pas faire de cette adaptation chorégraphique une œuvre linéaire, littérale, qui aurait suivi pas à pas la trame narrative du conte de Perrault ; ainsi, rien de narratif, ni de figuratif, dans La Clef. Car c’est bien de la clef qui tombe dont il s’agit, éclaboussée de sang, et qui devient le motif central de la pièce autour duquel s’articulent trois tableaux : le désir, la fête, la mort de Barbe Bleue. Car cette clef s’impose à nous comme l’élément perturbateur à partir duquel toutes les hypothèses peuvent être émises à l’infini.

 

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Quant à notre second parti pris, il était de faire parler les épouses : la fin du conte n’hésitant pas à tuer Barbe Bleue, nous souhaitions à notre tour exclure physiquement le prédateur, le monstre, a priori : ainsi ce sont les épouses qui racontent elles-mêmes l’histoire de leur transgression commise à la porte du cabinet, en l’absence de leur époux. Car nous pensons que le conte de Barbe Bleue, si violent émotionnellement, est aussi et surtout l’histoire d’un état de corps, l’histoire d’émotions terribles et contradictoires qui nous traversent physiquement.

Dans cette multitude d’interprétations possibles du conte, La Clef commence donc pour nous là où La Barbe Bleue s’achève.

S. Vincent et N. Gabillet

Mise à jour le 02/02/2020